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Né en Allemagne en 1950, le Combi Volkswagen est l’illustre précurseur du fourgon camping-car. Une icône qui a marqué plusieurs générations de campeurs, hippies et autres adeptes de sports de glisse. S’il a quelque peu disparu de nos routes après les années 80, il suscite depuis quelques années un nouvel engouement. Tant de la part du grand public que des entreprises qui surfent à fond sur son image rétro/vintage. Regards croisés de professionnels sur le phénomène.

Pouvant être aménagé et équipé d’un toit relevable dès les années 50, le Combi fait figure de précurseur du camping-car. Volkswagen confie les premiers aménagements à Westfalia. Mais d’autres, plus accessibles financièrement, voient aussi le jour du côté de Devon, Dormobile ou Sundial. Au départ, les prestations sont rudimentaires et intègrent généralement un siège dos à la route, une table pliante ainsi qu’un bloc cuisine avec petit évier, réchaud et glacière (remplacé par un petit frigo à partir de 1971) etc. Au maximum, on y dort à cinq en ajoutant un clic clac, un lit de mezzanine dans le toit relevable et un hamac. Le tout se veut minimaliste, mais diablement novateur pour l’époque. Quant à la déco intérieure, elle suit naturellement la mode : le bois prédomine ainsi dans les années 50-60 ; tandis que le formica a tendance à s’imposer dans les années 70.

« A partir du T3, on s’éloigne du côté collection »
Bruno Peyrichoux est directeur de Vintage Import 87, société créée en 1992 et spécialisée dans l’import et la restauration de véhicules anciens Porsche et Volkswagen. Dont le fameux Combi donc. Mais attention, pas n’importe lequel ! Dans son atelier basé près de Limoges, il n’y en a que pour les « vrais », communément appelés T1 et T2 (voir encadré) ou “Air-Cooled”. « A partir du T3, on s’éloigne du côté collection, justifie-t-il. Le look devient moins rond, l’électronique et le diesel apparaissent, le refroidissement à air est remplacé par un à eau … » L’arrivée du T3 marque aussi la fin d’une époque, indissociable du mouvement hippie et de ses valeurs de paix, d’amour, de liberté…

« Vous n’imaginez pas le nombre d’appels que l’on reçoit ! »
Des valeurs qui semblent trouver aujourd’hui un nouvel écho auprès du public. « Vous n’imaginez pas le nombre d’appels que l’on reçoit, confirme Bruno Peyrichoux. Il faudrait en refabriquer ! Il y a un engouement des collectionneurs, mais aussi d’un public plus ‘bobo’, jeune et assez aisé, dit-il, sans détour mais avec bienveillance. Récemment, un client, qui tient un gite dans le Périgord avec yourtes et cabane dans les arbres, m’en a acheté un pour pouvoir proposer des locations à la nuit. Il y a également un intérêt des marques – comme Corona ou le PSG – qui aiment à surfer sur la notoriété du véhicule ou encore une demande grandissante de la part des sociétés de location spécialisées. »

Baptise Moulucou, fondateur de Vintage Camper, entreprise de location de Combi VW créée en 2010, abonde : « C’est vrai que la demande est forte et variée. C’est d’ailleurs pourquoi nous disposons d’une offre pour les particuliers, sur Rennes ou Bordeaux, ainsi que pour le entreprises, sur Toulouse, où nous proposons de la location avec chauffeurs pour de l’évènementiel ». Aux côtés de Vintage Camper, une dizaine d’autres sociétés ont également investi le terrain depuis dix ans. Autant dire que le secteur se porte bien et l’offre florissante.

Pour répondre à cette nouvelle demande, Bruno Peyrichoux déniche ses Combi le plus souvent en Amérique du Nord (notamment en Californie et à l’Ouest du Canada), au Brésil ou encore en Suède ; avant de les rapatrier par conteneurs. La production des premiers Combi ayant pris fin en 1975 pour le T1 et en 2013 pour le T2, tous les modèles sont achetés sur le marché de l’occasion. « Evidemment, plus on avance dans le temps, plus il est difficile de trouver des bases saines », précise-t-il. Comptez aujourd’hui près de 25 000€ pour un Combi T1 ou T2 restauré et près de 40 000€ pour un T2b Camper restauré.

« Il faut que ça reste authentique. Surtout pas bling-bling  »
Amoureux de belles carrosseries, l’homme met un point d’honneur à conserver l’esprit originel des Combi qu’il retape. « Il faut que ça reste authentique. Surtout pas bling-bling », affirme-t-il. Bien sûr, il accepte d’installer quelques équipements modernes : ceintures de sécurité, convertisseurs électriques (pour passer du 6V. au 12V.), prises pour brancher téléphones et allume-cigares. Mais il met aussi en garde les clients potentiels : « Quand on achète ce type de véhicule, on doit se replacer dans l’époque à laquelle il a été conçu et avoir en tête que l’autonomie électrique est réduite et le confort rudimentaire ».

Une constat partagé par Arnaud Falconnier, dirigeant d’Eco Campers, entreprise toulousaine qui a restauré et aménagé* près de 1500 modèles VW depuis sa création en 2004: « Les premières générations du Combi sont sympas pour partir le temps d’un week-end. Mais elles sont clairement peu confortables, bruyantes et onéreuses à l’entretien, avertit-il. A l’usage, il faut vérifier régulièrement les niveaux, veiller à ne pas vider le réservoir d’essence pour ne pas pomper les résidus nocifs, éviter d’emprunter l’autoroute etc.»

« Nos clients veulent pour la plupart un véhicule capable d’avaler les kilomètres  »
Des points que certains clients –exigeants et peu bricoleurs – oublient parfois. Et qui ont conduit Eco Campers a arrêté la restauration des Combi T1 et T2 pour se concentrer sur la remise en état des modèles à partir du T3. « Pour la plupart, nos clients recherchent en fait un véhicule passe-partout, solide, économique, capable d’avaler les kilomètres  », justifie Arnaud Falconnier, qui ne s’interdit toutefois pas, dans le futur, de restaurer des modèles de premières générations pour des collectionneurs. Au final, comme pour tout camping-car, l’achat d’un Combi se révèle intiment lié à l’usage que l’on en aura. Les Combi de premières générations conviendront bien aux adeptes de « slow tourisme », qui ne souhaitent pas forcément partir loin ni même aller vite ; tandis que les Combi T3 jusqu’au T6 se destinent plus à une clientèle en quête d’un véhicule compact et polyvalent, utilisable aussi au quotidien.

* L’entreprise aménage depuis 2012, pour le compte de la marque allemande Reimo, des véhicules VW haut de gamme ; ou la « Roll’s du Combi », selon son concepteur.

L’HISTOIRE DU COMBI

C’est une saga qui dure depuis plus de 60 ans. Le premier Combi Volkswagen est né en 1950 en Allemagne. Il représente la deuxième ligne de véhicules à moteurs du constructeur allemand, après la Coccinelle (Type 1). D’où l’appellation officielle Type 2.

En France, le terme « Combi » vient de l’abréviation du mot allemand Kombinationenwagen (“multi-usages“), qui évoque la version la version la plus répandue du Type 2. En Allemagne, il est surnommé Bulli (bouledogue), eu égard au design de sa face avant ; tandis que dans d’autres pays, on l’identifie plutôt sous l’appellation Camper, Bus ou Transporter.

Si sa commercialisation a débuté en mars 1950, les premiers dessins datent en réalité de 1947. C’est Ben Pon – importateur néerlandais de la Coccinelle VW – qui réalise le premier croquis du véhicule sur un carnet. Inspiré par un véhicule d’usine conçu par des ouvriers pour transporter les palettes, il parvient à convaincre Heinrich Nordoff, le PDG de Volkswagen de concevoir un premier prototype. Basé sur le châssis de la Coccinelle, le Type 2 de première génération (T1) naitra à la fin de l’année 1949 dans l’usine VW d’Hanovre.

Mais c’est surtout à partir de 1967 et l’arrivée du T2 que le Combi va réellement se populariser. Robuste, bon marché, facile à entretenir, le véhicule devient durant les années 70 une véritable icône du mouvement hippie et des adeptes de surf et autres sports extrêmes. Un mythe qu’aucun de ses successeurs ne parviendra à faire revivre.

Dernier modèle à moteur arrière, le T3 fait son apparition en 1979. Dès 1982, il voit son refroidissement à air – le fameux « Air-cooled » des débuts – remplacé par un refroidissement à eau. Les premières motorisations diesel et transformations 4×4 naissent dans la foulée. Le T4, à traction avant, apparaît en 1990 ; tandis que le T5 viendra le remplacer en 2003. Enfin, la sixième génération du véhicule a été lancée en 2015.

 

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