Franck Dichamp est un passionné de voyages, qui a acquis il y a un an et demi son quatrième fourgon aménagé : un ISERE EVASION »Queyras », paré pour la montagne et le grand froid. A travers ses nombreuses observations en situation, il passe au crible 10 postes et critères clés de son véhicule et nous livre un essai longue durée décapant.
Après un premier VW T3 puis un Santoria, Franck et sa femme acquièrent en 2003 un Isère Evasion « Mont-Blanc » sur Renault Master. Un véhicule sur mesure qui leur rend de bons et loyaux services pendant douze ans. Et qui les convainc de se tourner de nouveau vers l’entreprise artisanale iséroise au moment de changer de fourgon. « Cela correspond à la fin de la période où les enfants partaient en vacances avec nous, explique Franck. Nous avions trois critères. Le point de départ était de réduire la longueur du porteur de 6 mètres à 5,50 mètres. Nous voulions aussi améliorer le confort du couchage. Car, oui, les banquettes qui se transforment en lit, question confort : il y a mieux ! Enfin, nous souhaitions garder l’ADN du précédent fourgon : discrétion extérieure, isolation de qualité pour utilisation hivernale, bonne autonomie. »
Fiche technique ISERE EVASION Queyras
• Renault Master III L2H3
• Moteur : Twin Turbo 2.3l. dCi de 135 ch.
• Consommation : 7,5L. /100 km
• Dimensions : 5,48 x 2,07 x 2,74 m
• Kilomètres parcourus : 12 000km
• PTAC : 3500 kg
• Charge utile : 400 Kg
• Chauffage au carburant 6000W Webasto EVO7
• Réfrigérateur à compression Waeco MDC90 90L.,
• Capacité en eau propre : 120L. (2 x 60L.)
• Capacité en eaux usées : 100L. (1 x 60L. hors gel + 1 x 40L. sous le châssis)
• Gaz : 1 x 6 kg
• Batteries auxiliaires : 2 x 100 Ah
• Panneaux solaires : 2 x 100 W.
• Dimensions des lit de pavillon et de dînette : 185 x 123cm / 180 x 120cm
• Équipements du porteur : version grand confort, climatisation, peinture métallisée, régulateur vitesse, antibrouillard, allumage automatique des feux et essuie-glace, sièges avec accoudoir et réglage lombaire, store Remis
• Équipements compris dans l’aménagement : baies affleurantes teintés Seitz S7, marche-pied Thule 550, banquette RIB Neptune ceinture 3 points et appuis têtes intégrés, plaque 2 feux SMEV 8062, évier SMEV 7306 (grand diamètre Ø420), mini four SMEV gaz, WC Thetford C403 (réservoir à matières de 19,3l.),toits dômes midi Heki (au-dessus du lit de pavillon) et midi Heki style (en cuisine), Centrale CBE avec panneau de commande PC220, 6 éclairages par LED dont 3 à allumage sensitif, 3 prises 12V, 2 prises 220v, 1 prise 220v via convertisseur, 2 prises USB.
• Prix fourgon + aménagement : 54 860 €
1- Gabarit & motorisation
Le porteur est un Renault Master III L2H3 avec motorisation 135ch.Twin Turbo. Ayant déjà eu un Master de la génération précédente, c’est toujours un porteur très sain au niveau conduite (tenue de route et freinage), mais aussi en termes de confort et d’acoustique. Une des nouveautés se situe au niveau de la motorisation ; qui comprend le double Turbo, le système start-stop et la récupération d’électricité à la décélération. En adoptant une conduite économique, les 10 300 premiers kilomètres ont été réalisés avec 769 litres, soit une consommation de moins de 7.5l/100km. Ce qui est un gain significatif ; sachant que le chauffage au gasoil a lui aussi consommé. En espérant que cette technique reste fiable dans le temps.
La longueur L2 (5.5m) permet de se garer assez souvent sur un emplacement de parking et le rayon de braquage facilite les demi-tours. Le Master a aussi l’avantage de rester discret, entre autre grâce à sa rehausse de carrosserie d’origine. Dommage que son galbe soit plus arrondi que celui du Ducato. Car là où le lit de pavillon sur un Ducato permet d’offrir une largeur de plus de 140 cm, sur un Master, il ne pourra pas dépasser 123cm de large. Dans un souci de discrétion, toujours, il n’y a que deux éléments visibles sur les côtés : les baies et le bouchon de remplissage des eaux propres… Difficile de faire moins. Et encore, les baies sont des Seitz S7 très proches des baies d’origine teintées. Le reste est installé au niveau du châssis (aérations, évacuation chauffage), du toit (aération frigo et air vicié, toits dômes) et même sous le capot (220V.).
→ NOTE : 9/10
C’est mon 2eme Master. Le Master III est un super porteur, aussi bien au niveau du comportement routier, de l’agrément de conduite que du côté moteur (consommation économique, distribution entraînée par chaine). Et puis il est fabriqué en Meurthe-et-Moselle. Seul regret : c’est le fait qu’il soit moins habitable que le Ducato (à longueur utile équivalente ; le Ducato est un 5.41m).
2- Construction & Isolation
L’isolation est un des points forts d’Isère Evasion. Après plus de 150 nuits en station de ski avec notre précédent fourgon, nous avons reconduit les mêmes solutions : double isolation des parois, réservoir des eaux usées hors gel, double plancher chauffé sur la totalité de la surface. Bien que ce soit l’endroit le moins bien isolé, la partie cabine – avec sa grande surface vitrée – est utilisée pour former le maxi-salon. Une isolation thermique et phonique a ici été réalisée au niveau du plancher de la cabine.
VOIR : Isere-Evasion, un spécialiste des fourgons « grand froid »
→ NOTE : 10/10
Note maximale car tout a été fait dans les règles de l’art. Difficile de faire mieux avec un fourgon.
3- Chauffage & consommation
Le chauffage est un combiné Webasto Dual Top EVO 7 fonctionnant au gas-oil. Après un an d’utilisation, on regrette un peu le confort du combiné Truma au gaz. Et ce, pour deux raisons. D’abord, la consommation électrique est moindre. Ensuite, en termes de confort, les chauffages au gas-oil fonctionnent par palier. Donc, la température n’est pas linéaire. A l’intersaison, quand la température extérieure n’est pas assez froide, le chauffage s’arrête car son premier palier est trop puissant. Or, la phase de démarrage est énergivore.
Heureusement, ce type de chauffage présente deux gros avantages : le gain de place puisque l’on s’évite l’encombrement d’une bouteille de 13kgs et la fin des problèmes de ravitaillement, à l’étranger ou lorsque la bouteille se vide … en pleine nuit ! Côté performance, avec 6000W, c’est presque trop. Pour évacuer cette chaleur, la ventilation doit tourner à pleine puissance. C’est donc énergivore mais aussi assez bruyant. Heureusement que cette phase ne se produit qu’au démarrage ou une fois dans la nuit par très grand froid. Le combiné est placé dans la salle de bain ; ce qui permet une meilleure isolation phonique.
→ NOTE : 7/10
Malgré deux avantages indéniables, on n’a pas retrouvé le confort du gaz.
4- Salle d’eau
La salle de bain est située à l’arrière, donc accessible depuis l’intérieur comme depuis l’extérieur. A gauche, un meuble intègre le chauffage et une grande penderie au-dessus. A droite prend place le meuble de lavabo avec rangements et WC qui s’escamote. Le centre est réservé à la douche, avec un bac assez grand pour se doucher sans se coller au rideau. Pour faciliter l’écoulement des eaux, le bac contient deux bondes d’évacuation. Pendant la journée, il est dissimulé sous un couvercle. L’accès à la cuisine est assuré par une porte pliable en deux. Celle-ci peut rester ouverte, afin de donner un peu plus de volume à la partie centrale du fourgon. Dans un souci de discrétion, pas de fenêtre ici. La lumière arrive via un lanterneau translucide.
→ NOTE : 9/10
Suffisamment grande et bien proportionnée, la salle de bain joue un double rôle : en position fermée, elle offre du volume ; ouverte, elle ne donne pas l’impression que ce soit une salle de bain (WC escamotable, bac à douche recouvert).
5- Cuisine
La cuisine placée au milieu, est en forme de L. C’est une configuration plus agréable que lorsque l’on se retrouve uniquement face à la paroi. Le plan de travail est complet et inclut des plaques de cuisson, un grand évier, une poubelle affleurante ainsi qu’un distributeur de savon. Cette disposition en L permet un accès facile aux équipements du plan de travail, au réfrigérateur (90l) et même au mini four. Tout le nécessaire pour la cuisine est facilement accessible via des grands tiroirs ; qui évitent de se casser le dos. La luminosité est assurée ici par un midi toit dôme (40×70 cm).
→ NOTE : 10/10
Tout est présent avec un accès facile à l’usage. La configuration est très agréable.
6- Couchages
Le couchage est à première vue invisible puisque dissimulé au plafond, sans vérin qui dépasse. Seules les sangles permettent de se rendre compte de sa présence. Comme ce ne sont pas les vérins qui aident à la mise en place du lit, celui-ci est motorisé. La manipulation se veut simple et rapide. La largeur du lit est plutôt limitée (123 cm) mais ce n’est pas gênant vu notre gabarit. Deux centimètres sur l’épaisseur du matelas aurait été un plus, mais il était également important de garder un double plancher sur toute la longueur …
Dans un fourgon, tout est affaire de compromis permanent ! Lorsque le lit est abaissé, la hauteur sous barreau est de 66 cm. Ce qui limite la sensation d’être enfermé. Et grâce au toit dôme, l’expression « s’endormir la tête dans les étoiles » prend tout son sens. En contrepartie, dans cette configuration, il n’est pas possible de s’assoir normalement autour de la dinette. Il est en revanche possible de transformer la dînette en un couchage supplémentaire deux places (180 x 120cm), grâce à une seule et unique rallonge de matelas. La journée, elle vient se loger dans un renfoncement de la paroi, optimisant au maximum l’espace.
→ NOTE : 8/10
Le lit de pavillon est discret en position fermée, stable et facile à mettre en place à l’usage. Seul bémol : sa largeur.
7- Salon
Le salon est composé d’une grande et confortable banquette RIB (104cm de large) et d’une table avec rallonge, permettant de manger à quatre. La forme de la table facilite l’accès à la cabine avant, tandis que le passage vers la cuisine apparaît un peu étroit mais suffisant pour notre gabarit. Dans le prolongement de la cuisine, un pouf offre une cinquième place assise. Idéal pour admirer les paysages quand la porte latérale est ouverte ! Entre la rehausse avec lit de pavillon et le double-plancher, la hauteur intérieure au niveau de la dînette est limitée à 1,78m.
→ NOTE : 9/10
Confortable et spacieux. Pas de 10/10 pour le compromis entre un double plancher et la hauteur.
8- Rangements
Les rangements sont assez nombreux entre le tunnel à ski dans le double plancher, les nombreux tiroirs et placards, les trappes d’accès au double plancher et les vides poches. Seul reproche : il n’existe pas un grand rangement volumineux comme une soute sous le lit.
→ NOTE : 8/10
Les placards sont nombreux, sans oublier le double plancher, mais il manque un grand rangement.
9- Autonomie
Côté autonomie, tout est par deux : deux réservoirs de 60l d’eau propre chacun, deux réservoirs d’eaux sales (dont 60L. hors gel), deux batteries de 100Ah, deux panneaux solaires de 100W. chacun avec régulateur de charge MPPT. Une seule bouteille de gaz de 6kg est prévue pour la cuisinière.
→ NOTE : 9/10
Très bonne autonomie. Mais pour l’électricité, en hiver : avec l’association chauffage + journées courtes, on se retrouve limité à 2 jours en cas de journées sans soleil.
10- Finitions & Entretien
Nous avons fait le choix de solutions simples et robustes. Notre Queyras présente ainsi un haut niveau de finitions : meubles ajustés sur-mesure, portes de placard affleurantes sans charnière visible, revêtement en stratifié (couleur hêtre) pour la solidité etc. Pour le SAV d’Isère Evasion, je n’ai pas de commentaires à faire vu que sur mes deux fourgons, je n’ai eu aucune panne ou souci ! Et quand on voit la page de liens du site d’Isère, avec tous ces globe-trotteurs, je me dis que leurs aménagements sont costauds !
→ NOTE : 9/10
Le juste milieu pour des solutions simples et jolies, tout en assurant une bonne tenue dans le temps. Du travail de maitre artisan : c’est tout dire.
CONCLUSION
A partir du moment où l’on opte pour un fourgon aménagé sur-mesure, difficile de rester neutre ! Les choix sont souvent le reflet d’une expérience (plus de 20 ans de fourgon aménagés) et d’une façon de pratiquer le camping-car, qui correspondent aux attentes de chacun.
→ NOTE FINALE : 88 / 100