À l’Ouest du Finistère, face à l’afflux de vans et fourgons, de nombreuses communes littorales ont réglementé drastiquement le stationnement nocturne. Les municipalités ne ferment pas complètement la porte et multiplient les initiatives pour retenir une clientèle importante. Un article de Goulven Connan.
Depuis le Covid, les touristes français et étrangers voyageant en vans et fourgons aménagés sont de plus en plus nombreux à affluer sur les côtes finistériennes de Pâques à la Toussaint. Prisée pour ses paysages, ses activités de plein air et sa douceur de vivre, la presqu’île de Crozon et ses dix communes est aussi un haut-lieu du surf breton, avec six spots référencés qui permettent aux amateurs de tous niveaux de se faire plaisir sur les vagues, y compris en famille. Ce qui ne fait que renforcer l’attractivité de ce territoire intégré au Parc naturel régional d’Armorique (PNRA).

Des espaces naturels sensibles
« Nous souhaitons continuer d’accueillir tous les visiteurs sur notre commune, y compris le tourisme en vans et fourgons aménagés, explique un porte-parole de la mairie de Crozon. Mais nous souhaitons le faire de façon qualitative, tout en assurant la protection de notre territoire, qui comprend une partie littorale importante et des espaces naturels sensibles. »
Ainsi, depuis 2021, de nombreuses zones en bord de mer accessibles par le passé ont été interdites au stationnement nocturne et des barres de hauteur, la plupart à 2m10, ont été installées. Il devient donc très difficile pour les vanlifers de trouver une zone non réglementée où passer la nuit au bord de mer. Pour compenser, plusieurs communes de la presqu’île proposent des zones de stationnement alternatif où il est en revanche possible de passer la nuit tranquillement.
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Situés plutôt dans les terres, la mer n’étant jamais à plus de 5 ou 6 km en presqu’île, ces zones sont accessibles gratuitement, mais ne sont ni des aires ni des campings. Ainsi, il faudra impérativement tout remballer pour la nuit. « Le moindre marchepied qui dépasse est systématiquement verbalisé par la Police municipale ! », précise le porte-parole. Pour aider les voyageurs, l’Office de tourisme de la presqu’île propose un guide, qui recense notamment les différentes possibilités de stationnement.
La commune dispose également de trois aires municipales, gérées par Camping-Car Park, et d’une douzaine de campings. Certes, ces solutions ne sont pas gratuites, mais la perception des taxes de séjours participe au financement des infrastructures, comme l’installation récente de toilettes publics le long du GR34 qui borde le littoral presqu’îlien.

Un projet d’aire d’accueil en retrait de la Torche
Du côté de la pointe de la Torche, spot de glisse mondialement connu sur la commune de Plomeur et site classé (Natura 2000 notamment), un parking d’une vingtaine de places reste accessible gratuitement pour une durée de 24h. Les autres, souvent équipés de barres de hauteur à 2m, sont utilisables en journée, mais pas la nuit. « Nous avons le projet de réaliser une aire d’accueil payante, en retrait du littoral, pour 2026, explique Ingrid Lainé, chargée de projet pour l’aménagement du site de la Torche à la mairie de Plomeur. Une piste cyclable sera réalisée en parallèle pour permettre aux voyageurs y séjournant de se rendre facilement à la Torche. L’idée n’est pas d’interdire le stationnement des vans et fourgons mais bien d’accueillir dans de bonnes conditions, tout en respectant nos principes de gestion durable de l’économie touristique », souligne Ingrid Lainé.
Des interdictions « hors du cadre légal »
Pour les défenseurs des droits des utilisateurs de vans, fourgons et camping-cars, si les arguments de protection de l’environnement et de régulation des flux de voyageurs sont bien compris, les moyens utilisés ne passent pas. « Les barres de hauteur existent dans le code de la route pour prévenir un danger. Si elles visent à interdire l’accès à un parking, elles ne sont pas réglementaires, rappelle Bruno Garancher, président de la FFCC (Fédération des campeurs, caravaniers et camping-caristes). De la même façon, l’interdiction de stationnement nocturne est illégale, le stationnement non gênant étant autorisé jusqu’à 7 jours. Enfin les panneaux d’interdiction de stationner aux camping-cars, que l’on voit un peu partout, ne font pas partie de la nomenclature du code de la route ».
Faut-il rappeler que les vans, fourgons ou camping-cars (jusqu’à 3,5 tonnes) font partie de la même catégorie M1 que n’importe quelle autre voiture particulière et ne peuvent donc pas être « discriminés » à travers des restrictions spécifiques.
« La multiplication des barres et des interdictions de stationnement font que le droit des usagers est chaque année plus contraint, dénonce Benoît Ferreira, chargé de mission auprès du CLC (Comité de liaison du camping-car). La loi doit être strictement respectée par les communes. Les dernières études montrent que les utilisateurs de véhicules de loisirs dépensent en moyenne 41€ par jour, hors frais de carburant et de péage, dans des produits locaux, en billetteries et nuitées en campings ou aires d’accueil. Ils sont probablement plus difficiles à « tracer » mais leur impact sur le tourisme est important », conclut Benoît Ferreira.


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En Bretagne, 420 millions d’euros de retombées économiques
Selon un sondage réalisé en 2023 auprès de 4300 camping-caristes français représentatifs, la Bretagne est la destination en France qui arrive en tête (18,1 %) devant la Nouvelle-Aquitaine (15,9 %) et l’Occitanie (14,2 %). L’étude Reflet 2022 (Région enquête fréquentation loisirs et tourisme), qui a analysé la fréquentation touristique en Bretagne, apporte de son côté de très nombreuses informations. Ainsi l’on y apprend que 800 000 vans, fourgons et camping-cars ont séjourné en Bretagne en 2022, dont 18% d’étrangers (Allemands à 44%), ce qui la place comme la première destination en camping-cars des touristes européens.
À noter que 61% des nuitées sont réalisées en dehors de juillet et août. Au total, 5,9 milliards d’euros de consommation touristique ont été enregistrés dans la région en 2022, dont 7% par les touristes en vans, fourgons et camping-cars, soit 420 millions d’euros ! Enfin, selon différentes études réalisées en France ces dernières années, les camping-caristes dépensent localement environ 37 euros par jour et par personne, sans compter les frais de carburant et de péage.