C’est la mort dans l’âme que le Finistérien Yannick Sparfel, créateur d’Iroise fourgons aménagés, a décidé de tirer le rideau. Il se confie à fourgonlesite.com et revient sur les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision douloureuse, après 18 ans d’activités et 550 véhicules aménagés… Un entretien réalisé par Goulven Connan.
Yannick, vous avez créé Iroise fourgons aménagés à Brest en 2007. Pourquoi tout s’arrête aujourd’hui ?
Le marché du van a beaucoup évolué en peu de temps. Nous avons connu une forte hausse d’activité à partir de 2017 et jusqu’en 2020, en lien avec le boom des vans. Nous avons donc investi dans un nouvel outil de production à Milizac (Finistère, près de Brest), fin 2020. L’activité était forte à ce moment-là, nous étions 6 salariés, puis nous sommes entrés dans une période difficile dès 2021 : alors que le niveau de commandes était bon, les véhicules, exclusivement des Peugeot Expert, n’arrivaient plus à l’atelier en raison de la pénurie de composants électroniques. Certains clients ont attendu leur véhicule deux ans et demi ! Quand nous avons de nouveau été livré, en 2022, nous avions une trentaine de véhicules en attente d’aménagements sur le parking. Dès 2023, les commandes ont chuté. Nous étions très loin des 50 véhicules que nous avions prévu de vendre chaque année.

Dans l’esprit des gens, le van a le vent en poupe et pourtant de nombreux aménageurs connaissent des difficultés. Comment l’expliquez-vous ?
Il y a plusieurs raisons. Au sortir du confinement, tout le monde voulait son van aménagé, l’engouement était très fort et de nombreux acteurs se sont lancés dans l’aménagement. Rien qu’en Bretagne, j’en avais compté 35 ! Après le Covid, les prix ont beaucoup augmenté. En 2022, nous avons dû répercuter une hausse de 10000 euros sur le prix d’achat de nos Peugeot Expert. Ainsi, nous sommes passés de 49000 à 59000 euros sur notre van grand toit relevable 4 places. Avec des options, le client se retrouvait vite avec une facture de 70000 euros… Face à nous, il y a de grands groupes qui se sont mis à faire du van avec des volumes incomparables et très souvent une main d’œuvre à l’étranger, notamment en Europe de l’Est, bien moins chère. Dans ce marché hyper concurrentiel, nous avons certainement manqué de visibilité, même si nous avions des clients partout en France. Enfin, les clients sont parfois un peu perdus devant une telle offre et se demandent s’il faut encore acheter un diesel en 2025.
Aucun repreneur ne s’est montré intéressé ?
Je n’ai même pas essayé d’en trouver un, nous n’avions ces derniers temps quasiment plus de commandes. En plus de notre aménagement « confort », en petit ou grand toit relevable, nous avions lancé un modèle « éco » en 2022, beaucoup plus abordable, pour relancer les ventes. Malheureusement, cela n’a pas suffi. Actuellement, nous sommes en train de terminer les trois derniers vans qui seront livrés en juin. Nos clients, dont certains nous ont commandé trois véhicules en 18 ans, sont surpris de nous voir arrêter. Nous avons quand même réalisé 550 véhicules depuis 2007 ! C’est une décision difficile, mais il fallait la prendre.
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