Après notre article sur les différents isolants naturels, nous sommes partis à la rencontre de vanlifers qui ont fait le choix d’utiliser ces matériaux naturels dans leur véhicule. Ils nous expliquent leur choix et les difficultés rencontrées en pratique…
Lucas a fait le choix de combiner plusieurs matériaux isolants, dont du liège projeté, de l’Armaflex et de l’aluminium bulle. Pour les murs et les portes, il a posé du Biofib Trio accompagné d’un frein vapeur et par-dessus du contreplaqué cintrable (réutilisation du bois de l’emballage).
- Pourquoi avoir choisi le Biofib ?
Lucas : « C’était au départ une question de budget. Je souhaitais privilégier au maximum des matériaux de récupération issus de l’habitat. En pratique, j’ai trouvé du BioFib Trio d’occasion en le récupérant auprès d’une dame qui avait fini les travaux de sa maison et à qui il restait de l’isolant. C’était des morceaux de 100mm d’épaisseur que j’ai choisi de couper en 2 pour faire des panneaux de 50. En faisant ce choix de récup, j’en ai eu pour environ 30 euros. C’est donc une astuce très pratique : être attentif aux annonces et récupérer les fins d’isolants des chantiers. »
« Le BioFib est un super matériau qui ne se gorge pas d’eau et sèche assez vite. J’ai pu le constater lors d’une fuite à l’arrière du camion : l’eau n’est pas remontée par capillarité. De plus, il offre de bonnes performances et un poids attractif, ce qui est important dans l’aménagement d’un van. »
« J’ai donc choisi le Biofib plutôt que les autres isolants naturels parce qu’il répondait le mieux à mon cahier des charges : léger, trouvable dans le bâtiment, facilité de pose, le prix. J’ai fait quelques essais avec de la laine de bois, mais c’était quasiment 2 fois plus lourd ! »
- As-tu rencontré des difficultés pour le mettre en place ?
Lucas : « Non, je n’ai pas eu de difficultés particulières. C’est très facile à mettre en place et bien moins désagréable que la laine de verre ou la laine de roche. Le Biofib est doux et se découpe à la main.
Et parce qu’on fait aussi quelques erreurs, j’ai dû faire le liège projeté en plein hiver… Sauf qu’en pratique ça ne sèche pas ! Ce fut donc une petite galère ! ».
- Quel est ton retour d’expérience et ton avis après quelques mois de vie dans le van ?
Lucas : « Au niveau de l’isolation phonique je suis très content ! Au niveau de l’isolation thermique, je suis très satisfait également, même si en pratique l’Iveco 4×4 n’est pas hyper étanche à l’air ! Cela dit, j’ai quand même comme projet d’aller au Cap nord. Et même si les nuits sont fraîches (-15°C), l’isolation que j’ai choisie me permet de limiter l’usage du chauffage de 2000 watts ».
- Et si c’était à refaire ?
Lucas : « Je referai tout pareil même si je pense que l’aménagement du camion serait différent. En réalité, on se leurre sur l’isolation : ce n’est pas possible d’avoir l’isolation thermique d’une maison. L’idée c’est de faire au mieux sans casser sa tirelire ! ».
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Mag et Teddy ont utilisé de la laine de mouton pour aménager leur Boxer L3H2 de 2018, en priorité pour des raisons de santé.
- Pourquoi avoir choisi la laine de mouton ?
Mag : « Teddy fait pas mal d’asthme. Dès lors, il était primordial que l’espace intérieur, qui est quand même confiné, soit sain. On s’est tournés logiquement vers des matériaux naturels et sans toxicité. A l’époque de l’aménagement de notre van, il n’y avait pas autant de ressources qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas encore de chanvre, et même s’il y avait du textile compacté, ce n’était pas facile à trouver.
On a choisi des plaques de liège collées sur la tôle du van, puis de la laine de mouton et du contreplaqué. »
- Avez-vous rencontré des difficultés lors de la mise en place ?
« La plus grande difficulté fut de trouver des infos, avant même les matériaux ! On a fini par trouver un bon fournisseur. Ça reste des matériaux assez chers mais on ne voulait pas faire de concession sur ce point. Au final, l’addition nous semble assez raisonnable. À nos yeux, c’est également un plus dans la perspective d’une revente du van ».
« On a donc collé le liège avec de la colle néoprène (pas tellement le choix…) et on a agrafé la laine sur le liège. On nous avait conseillé de ne pas trop la tasser. On a donc mis de la laine aux murs et au plafond et du liège au sol uniquement »
- Retour d’expérience et avis en pratique ?
« Nous n’avons eu aucun problème en pratique : jamais de fuite ni au lanterneau, ni aux fenêtres donc pas de problème particulier avec l’isolation. Cela dit le van reste un camion. Nous avons notamment une porte arrière qui n’est pas totalement hermétique et laisse la chaleur du chauffage s’échapper… »
- Et si c’était à refaire ?
« Étant donné notre satisfaction à l’usage, on referait tout pareil ! Malgré ce que l’on dit et les infos que l’on trouve sur la laine de mouton, nous n’avons eu aucun problème avec l’humidité et la laine ! »
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Chrys et Alex allient les qualités du liège et du biofib pour obtenir la combinaison la plus naturelle possible. Pourtant autant, ils constatent qu’aucun matériau ne répond totalement à toutes les attentes. En conséquence, chacun fait à la hauteur de ses possibilités, même en écologie !
- Pourquoi avoir choisi cet isolant ?
Chrys et Alex : « En 2018, lors de l’aménagement de notre van, nous cherchions des matériaux écologiques mais les ressources manquaient encore. Le liège projeté nous semblait la meilleure solution pour une première couche sur les parois du van, mais cela restait cher et peu démocratisé. Nous avons essayé nous-mêmes sans avoir la bonne recette et ça n’a pas été un franc succès… On s’est tourné vers d’autres options.»
« Notre stratégie d’isolation en pratique : des plaques de liège expansé (1cm) et 2cm sur le sol avec un pare-vapeur et du biofib (4cm au plafond et 8 cm sur les parois). A cela, nous avons ajouté un rideau thermique et occultant pour isoler des déperditions de chaleur au maximum.»
« Le bémol dans tout cela, c’est la colle. Il est difficile de se passer de la colle néoprène pour fixer les plaques de liège. Or celle-ci n’est pas vraiment écologique… »
« Ensuite, nous avions au départ acheté de la fibre textile mais après réflexion elle ne nous semblait pas vraiment performante et surtout sensible à l’humidité. Le Biofib se démarquait en étant notamment résistant aux rongeurs et à l’humidité. On l’a donc utilisé également pour les renforts et montants. »
« Le Biofib trio est donc efficace mais il ne faut pas se leurrer, dans un van, il y aura toujours des ponts thermiques, en particulier au niveau des ouvertures (porte, fenêtres…). »
- Avez-vous rencontré des difficultés à le mettre en place ?
« Les plaques de liège sont difficiles et fastidieuses à mettre en place avec la colle. Pour le Biofibtrio, cela a été très simple pour les murs. Pour le plafond, ce fut moins évident, car nous ne voulions pas perdre trop de hauteur. Nous avons donc remplacé les tasseaux par du fil pour tenir l’isolant ».
Enfin, je donnerais quelques petits conseils issus de notre expérience. Il est super important de mettre un bon pare-vapeur quel que soit le type d’isolant. Et ne pas lésiner sur la qualité du scotch pour le fixer. Il faut calculer le plaquage avec la porte fermée pour bien conserver le joint libre afin de ne pas contredire l’étanchéité ».
- Retour d’expérience et avis en pratique ?
« Notre choix est très efficace en termes d’isolation thermique et phonique. Le tout est combiné à des rideaux occultant et isolants + des isolants multicouches sur les fenêtres. Résultat, on a un très bon confort même quand les températures chutent ! Pour autant, faire écologique et naturel c’est un sacré budget, tout le monde n’a pas forcément les moyens. Il faut être conscient que le matériau est peut-être écologique, mais pas économique. »
- Et si c’était à refaire ?
« Aujourd’hui, alors que le liège projeté s’est beaucoup démocratisé, on opterait pour cette option en première couche. Il est maintenant bien plus abordable qu’à l’époque et il reste plus performant que posé en plaques. Pour ce qui est de la seconde couche, on ne changerait pas, le biofib trio est vraiment, à notre sens, une bonne option.
Enfin, dernier conseil : Ne pas culpabiliser parce qu’on ne peut pas tout faire écologique et être parfait à 100%. Chacun fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a ! ».
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