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De très nombreux équipages “vanlife” n’ont pas attendu la crise sanitaire pour se convertir au télétravail. Vivant à plein temps dans leur fourgon aménagé ou leur camping-car, ils poursuivent une activité professionnelle intense. Quelles sont leurs motivations, pourquoi ce choix de vie et quelles sont les contraintes. Autant de questions que nous avons posé à trois d’entre eux. Au travers de ce premier volet, nous partons à la rencontre de Gilles & Maggy, équipage de Coucou Liberté, sur la route depuis plus de 2 ans.

▪️Pouvez-vous nous dire qui vous êtes et nous expliquer en quoi consistent vos jobs de nomades digitaux ?

Coucou Liberté : Boujour Fourgon Le Site ! Nous sommes Maggy & Gilles, nous avons 37 et 36 ans.

Maggy : Je suis graphiste, illustratrice et retoucheuse de photos. Je suis “freelance” depuis 3 ans et travaille à la création de logos et d’illustrations print. (Suivre Maggy Lacailloux) Avant cette vie d’auto-entrepreneur, j’étais graphiste avec un statut de salarié, et puis j’ai également travaillé dans un secteur un peu différent, mais tout aussi passionnant, la création de décors.

Gilles : Pour ma part, je suis “motion designer“, c’est-à-dire graphiste spécialisé en animation. Je crée des animations pour des marques et des agences dans le but de mettre en avant et expliquer des concepts de produits. Je fais ça depuis 2009 et je suis “freelance” depuis 2014. (Suivre le travail de Gilles)

Gilles et Maggy vivent à plein temps dans leur véhicule depuis deux ans.

▪️Quelles raisons vous ont conduits à devenir des « nomades digitaux » ?

Gilles : La motivation première était de voyager. Nous avions constaté que beaucoup de personnes de nos métiers partaient, notamment en Asie, pour voyager tout en travaillant. Nous avons pour notre part choisi le camion comme mode de transport, car cela nous permettait d’associer les deux. Nos emplois de graphistes, avec le statut de freelance, nous autorisent cette liberté.

Maggy : Tout s’est assez bien enchainé. J’ai quitté mon ancien emploi en septembre 2017 et nous avons trouvé le camion en octobre 2017. Nous avons rendu les clés de notre maison juste après. En janvier j’ai créé mon activité d’auto-entrepreneur, alors que nous poursuivions les travaux dans le van. L’aménagement nous a pris du temps. À partir de février nous sommes partis en Bretagne pour installer le gaz et finir l’intérieur. Dès le 1er juin 2018, nous avons commencé à vivre à plein temps dans le camion fini.

Gilles, en plein travail sur la petite table du van. L’espace est compté.

▪️Quels sont les avantages à travailler et vivre sur la route ?

Maggy : Il y a pas mal d’avantages à ce mode de vie ! À la différence d’un tour du monde par exemple, la vie en van laisse une grande liberté, nous n’avons pas de planning précis et pas de date de retour.

Gilles : C’est en réalité un mode de voyage très lent, de l’ultra “slow travel“.

Maggy et Gilles : Cette manière de voyager nous autorise une grande improvisation. Selon la météo, le désir du moment, notre envie de bouger ou non, nous sommes capables de modifier notre parcours et choisir notre destination.

 

“Nous arrivons à faire de petites économies,

contrairement à notre vie d’avant où nous étions toujours ric-rac.”

 

▪️De quel budget avez-vous  besoin en vivant sur la route ?

Gilles : C’est certain, ce mode de vie itinérant n’exige pas le même budget que celui d’une vie sédentaire. Dans le camion, on vit en autonomie. Nos dépenses dépendent de la route que l’on parcourt sur le mois. Cela dit, on continue bien évidemment de payer toutes les charges liées à notre activité, nos impôts, etc.

Maggy : Nous avons moins de charges et les dépenses varient selon le pays dans lequel on se trouve et du  niveau de vie. C’est pareil pour les aires de camping-car, la nourriture et l’essence qui restent des impératifs, les prix varient d’un endroit à l’autre.

Maggy & Gilles : Nous arrivons aujourd’hui à faire de petites économies, contrairement à notre vie d’avant où nous étions toujours ric-rac. Le loyer prenait une grande part de nos revenus.

Maggy : Malgré tout, sur la route, l’imprévu de la dépense existe aussi. Il est surtout lié aux risques mécaniques. Comme le camion est notre maison et notre bureau, nous sommes obligés de tout réparer et sans délai.

Depuis la fenêtre du salon, transformé en bureau, le paysage change chaque jour, ou presque.

▪️Tout n’est pas rose, quels inconvénients y voyez-vous ?

Maggy : Sur le plan administratif, c’est parfois compliqué. Avoir une adresse fiscale fixe est obligatoire, mais ce n’est pas évident de faire comprendre ce mode de vie !

Gilles : Compte tenu du faible espace disponible dans notre camion, nous devons nous restreindre dans nos activités, alors que nous sommes très bricoleurs. Il faut toujours se raisonner et ne rien laisser trainer. Un atelier serait une bonne chose…

Maggy & Gilles : En van, les choses les plus simples deviennent parfois éprouvantes. Trouver des points d’eau, remplir le réservoir d’eau, vider les toilettes… Ce sont des choses que l’on doit prendre en compte au quotidien. Alors, oui, on gaspille moins et on vit différemment, mais il y a aussi des contraintes.

▪️Comment vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans ?

Maggy & Gilles : À terme, nous aimerions bien avoir un atelier. Pas forcément une vraie habitation, mais un atelier pour développer d’autres choses. Une sorte de camp de base. Que ce soit pour nous, mais aussi professionnellement parlant.

▪️Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui voudraient se lancer dans ce mode de vie ?

Maggy & Gilles : Le plus simple est de louer un van pour tester la formule sur de courtes périodes. Ce mode de vie ne convient pas à tout le monde. La grande promiscuité ne laisse que peu d’intimité… Côté freelance, il est important de ne pas se lancer à l’improviste, d’avoir des économies et tester le travail sur la route. On a souvent l’impression, notamment au travers des réseaux sociaux, que c’est facile. Non, c’est beaucoup de travail.

En tant que freelance, il faut avoir des contacts, entretenir son réseau et construire son activité en amont pour s’inscrire dans la durée. En réalité, ces recommandations ne sont pas très différentes de celles auxquelles doivent se soumettre un travailleur indépendant sédentaire. Si ces conditions sont réunies, il ne faut pas hésiter à se lancer.

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