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Comme nous l’avons évoqué dans un précédent article : de plus en plus de vanlifers privilégient l’installation de WC écologiques à bord de leurs vans et fourgons aménagés. Les toilettes sèches font des émules parmi les aménageurs DIY, mais comment fonctionnent-elles et quelles sont les solutions proposées ? Voici un tour d’horizon.

> Voir les témoignages de vanlifers : “Ils ont adopté les toilettes sèches”

Inconvénients des WC chimiques

Les constructeurs n’ont pas encore franchi le pas des toilettes sèches, tous les fourgons aménagés neufs sont équipés de WC chimiques. Avec cassette extractible pour les véhicules équipés d’une salle d’eau, ou version portative dans les vans à l’espace de vie restreint. Dans les 2 cas, leur utilisation est tributaire d’un additif chimique, le fameux produit bleu, qui désagrège les matières et masque les odeurs.

 

Le WC chimique cumule plusieurs inconvénients : il nécessite l’emploi d’un produit toxique (10 € à 15 € le litre), dont l’odeur âcre peut indisposer, les cassettes doivent être vidangées dans les aménagements spéciaux avec vidoirs pour WC chimiques (campings et aires d’accueils), sans parler des joints à entretenir ou à changer. Problème majeur, le WC chimique puise dans les réserves d’eau, une ressource aussi précieuse que limitée en van.

Autant de raisons qui poussent les vanlifers à équiper leurs vans de toilettes sèches, elles se déclinent en 3 grandes familles : avec sciure, à séparation des urines, ou à incinération.

1) Toilettes sèches avec sciure

Le principe de base des toilettes sèches consiste à utiliser un simple récipient dans lequel on fait ses besoins, que l’on recouvre ensuite de sciure afin de neutraliser les odeurs et fabriquer le compost. Simple à installer et à utiliser, ce système est peu couteux. Quand le prix d’un WC chimique portatif oscille entre 60 € et 180 €, celui de toilettes sèches entre 30 € et 60 €, pour les modèles commercialisés de marques Kampa, Camp4, Outwell.

Ces modèles légers, moins de 3 kg, existent en différents volumes. Ils se composent d’un abattant, d’une lunette et d’un seau amovible. Avant d’y ajouter la sciure il est préconisé d’y insérer un sac poubelle, idéalement des sacs biodégradables ou compostables (certains il faut l’avouer à l’efficacité discutable). Avantage, ils sont entièrement mobile, utilisable à l’intérieur du véhicule comme à l’extérieur.

 

En aménageant soi-même son fourgon, des toilettes sèches sont faciles à réaliser. Généralement un cadre en bois relevable, avec lunette et abattant dessus, une réserve à sciure sur le côté, et un seau placé dessous. Celui peut-être un simple seau en plastique, certains le préconisent en inox plus facile à nettoyer et ne gardant pas les odeurs. On peut trouver des kits prêts à installer (Combeing, Lécopot), ou faire appel à des petits aménageurs qui proposent des toilettes sèches sur mesure (Artisan du voyage, Alpes Camping-car).

 

Pour le choix de la sciure (bois non traité), il y a plusieurs écoles. Les plus malins en récupèrent (quasi) gratuitement dans les scieries croisées au cours de leurs périples. D’autres achètent des grands sacs de litières pour rongeurs, composées de copeaux de bois elles sont bon marché. On trouve des mélanges plus absorbants (et plus chers) de copeaux bois et chanvre. Les forums seront une bonne source d’information pour trouver le produit idoine et partager ses petites astuces, les meilleures recettes de compost ne manquent pas.

Que faire des déchets des toilettes sèches ?

La question se pose quand le temps de la vidange est arrivé. Certes, en évitant l’utilisation de produits chimiques et générant des économies d’eau substantielles, les toilettes sèches sont respectueuses de l’environnement. Mais pour devenir des WC 100% écologiques, l’idéal serait de pouvoir valoriser les matières produites.

Or les moyens pour que ces déchets deviennent une ressource sont limités en vans. Le nomadisme ne permet que très rarement l’accès à des bacs de compostage. Reste alors la possibilité d’enterrer le compost dans la nature (sans plastique et loin des cours d’eau), ou sinon de les mettre aux ordures. Ce n’est pas la valorisation optimale de ses déchets, mais en sortant du circuit utilisation d’eau propre + traitement d’eaux usées, la moitié du chemin a été fait, c’est un bon début.

Pour creuser le sujet, l’association RAE (Réseau de l’Assainissement Écologique) propose un Guide de bonnes pratiques pour le compostage.

2) Toilettes sèches à séparation des urines

Certains vanlifers préfèrent installer des toilettes sèches à séparation d’urine. Leur choix est motivée par la déshydratation accélérée des matières solides et surtout l’absence d’odeurs générées (même si sur ce point les avis divergent). Un argument fait l’unanimité en faveur des toilettes à séparation d’urine : la réduction du volume du compost et l’espacement des vidanges (l’urine représentant jusqu’à 90% de la masse des déjections).

Pour ce type de toilettes, les vanlifers rivalisent d’imagination : un sceau séparé en deux parties avec bidon surplombé d’un entonnoir à l’avant (@vaguedelouest), voire défécation et miction effectuées en 2 temps dans 2 réceptacles différents (@voyageapleintemps). Bien sûr la sciure est toujours utilisée pour les matières solides.

 

Le système le plus populaire est proposé par une société suédoise, il s’agit des toilettes sèches Separett Privy 501, une lunette avec abattant disposant d’un receveur et d’un tuyau pour récolter et évacuer les urines. Ce système (140 € sans le seau) permet de connecter directement l’évacuation sur un bidon ou au réservoir des eaux usées.

Enfin, un modèle fait fureur aux USA : les toilettes à compost The Nature’s Head ont conquis l’intérieur des RV, campervans, bateaux, chalets. Grâce à l’adjonction de fibre de coco, ce toilette à séparation d’urine produit directement le compost dans le récupérateur de la partie solide. Il est complété d’un ventilateur pour l’aération et d’une manivelle latérale pour le mélange du compost.

Dans cette vidéo les youtubeurs Trent et Allie (@trentandallie), à bord de leur Ram ProMaster (version US du Fiat Ducato), remplacent leur WC chimique par un toilette à compost “The Nature’s Head”.

Avantages : il est confortable, robuste et offre une très grande autonomie, jusqu’à 80 utilisations + réservoir 8,3 l, il est garanti sans odeur et fournit un excellent compost. Inconvénients : l’installation pérenne est plus volumineuse qu’un WC chimique, elle nécessite un branchement électrique 12 V, et son prix est élevé (999 €).

3) Toilettes sèches à incinération

Dans cette troisième catégorie, on ne parle plus de toilettes sèches basées sur le principe du compost, mais de toilettes “ultra sèches” : sans eau, sans additif, et sans sciure ! La marque Cinderella propose des WC à incinération qui brûlent et réduisent en cendre toutes les déjections.

C’est un WC d’apparence classique, il suffit d’ouvrir l’abattant, d’insérer un sac en papier spécial dans la cuvette en acier, de faire son affaire. Puis en refermant, l’ensemble descend dans une chambre à combustion étanche, où le tout est brûlé à 500°. Les liquides sont évaporés et les résidus réduits en cendre. La chaleur résiduelle et les gaz d’échappement sont évacués par un tuyau extérieur, sous la cuvette un cendrier récolte les cendres.

Alimenté au gaz propane et en électricité (12V) – des énergies fossiles -, le système n’est pas entièrement écologique. Néanmoins son intérêt environnemental réside dans l’élimination directe et quasi intégrale des déchets. L’utilisation par 4 personnes pendant 1 semaine produira une simple tasse à café de cendres. De plus, selon le constructeur, les cendres générées sont entièrement stériles, et contiennent des nutriments pouvant fertiliser un jardin.

 

Autant le dire tout de suite, le prix de ces toilettes sèches est exorbitant : 4.200 €. Mais cette solution semble porteuse d’avenir. Conçu par la société norvégienne Cinderella depuis 1999, ce WC s’est écoulé 60.000 exemplaires. Aujourd’hui des marques suédoises comme Polar (caravanes) et Kabe (camping-cars) équipent certains véhicules neufs de toilettes sèches à incinération. Cinderella le propose également en seconde monte, récemment Sunlight l’a installé dans son concept-car Cliff 4×4 Adventure Van (ici en vidéo à 03:29). On voit même arriver de nouvelles marques sur ce segment de WC à incinération (Separett, Ecojohn).

Quel que soit votre choix, les toilettes sèches n’ont pas encore dit leur dernier mot, ni équipé leur dernier fourgon. Et l’avenir nous réserve déjà des toilettes sèches.. à congélation !

Un WC chimique sans produit chimique ?

Avant de se lancer dans leur tour du monde en fourgon, Marie et Corentin avaient prévu d’installer des toilettes sèches. Ils ont alors découvert Solbio, un additif 100% biologique et naturel pour WC à cassette. Conçu par une entreprise familiale belge, cet additif sanitaire ne contient aucune substance toxique, chimique ou de synthèse. Exclusivement des produits d’origines naturelles : savons, acide citrique, huiles essentielles et extraits de plantes. Satisfaits, les deux aventuriers l’utilisent depuis deux ans dans leur WC à cassette… écologique !

Solbio Liquide Sanitaire biologique
(1,6 l – 40 doses) : 23,99 €

Pour suivre Marie et Corentin :
Sourires autour du monde

 

> Voir aussi : “Ces vanlifers qui ont adopté les toilettes sèches”

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